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Bebel chez Walczak, comme un roman de Blondin



Longtemps Jean-Paul Belmondo, avec son complice Charles Gérard, a eu son rond de serviette Chez Walczak, Aux sportifs réunis, rue Brancion, dans le 15earrondissement. Un bistrot que fréquentait aussi Georges Brassens et ses

« copains d’abord ». Dans ce lieu hors du temps où vin, boudin, pâté en croute et brie de Meaux sont servis à volonté, la mémoire de l’ancien taulier, le boxeur Yanek Walczak, s’affiche partout sur les murs – ses combats notamment face à Sugar Ray Robinson qu’il envoya une fois au tapis. Son fils Jean-Louis, ex-pongiste de haut-niveau, a repris le flambeau, perpétuant cet esprit de camaraderie franche et épicurienne et accueillant chaque année la remise du Prix Jules Rimet.

De ce bistrot, l’écrivain Gérard Letailleur, Prix de l’Académie Rabelais et fidèle parmi les fidèles, a fait un livre qui fourmille d’anecdotes et de joyeuses cocasseries. Toujours vendu au comptoir entre deux magnums de Bordeaux et sous le regard inquisiteur d’une improbable tête de Rhinocéros, Belmondo en a signé la préface. Au moment de saluer Bebel le Magnifique, voici ce texte écrit comme un geste d’amitié.


La préface par Jean-Paul Belmondo du livre de Gérard Letailleur, édité en 2016, "Chez Walczak"

« La vie ne présente jamais de certitude. Les événements qui la composent se succèdent, se superposent les uns aux autres à la manière d’un jeu de miroirs et de poupées russes. Celle de Yanek Walczak en est la parfaite illustration. Tour à tour galibot, boxeur, légionnaire, bistrotier, il ne s’est jamais laissé démonter, gardant en lui une éternelle volonté de gagner avec, à chaque étape, la même envie de se surpasser.

Je sais, pour l’avoir déjà éprouvé dès mes jeunes années à l’Avia Club, que la boxe aide à développer cette hargne nécessaire à affronter les épreuves du temps, c’est-à-dire savoir s’accrocher quand ça va mal. Ce sport sait marquer le corps, forger le caractère et créer une véritable fraternité entre ceux qui le pratiquent. Cet esprit, Yanek sut le communiquer à ses fils. Ceux qui en douteraient n’ont qu’une chose à faire : franchir le seuil des Sportifs réunis de la rue Brancion.

Le cadre de cet établissement m’a toujours fait penser à un roman d’Antoine Blondin. On y entend des conversations animées, parfois décousues, où chacun se met à raconter avec brio ses souvenirs dans une ambiance passionnée, acquiesçant avec soulagement chaque fois qu’un titre, une anecdote, ou un personnage rappelle une rencontre sportive, un film, ou une pièce de théâtre…

L’adaptation cinématographique d’une des œuvres d’Antoine, Un Singe en hiver, dialoguée par l’ami Michel Audiard, tournée par Henri Verneuil, me permit à l’époque de partager des moments inoubliables avec Jean Gabin. Il m’appelait « le môme » et disait que je lui rappelais ses vingt ans. La même passion du sport nous rapprochait. Féru de boxe, de foot, organisateur de courses cyclistes, Jean était intarissable sur le sujet. Aujourd’hui, quand il m’arrive de me souvenir de mes vingt ans, j’aime aller chez Walczak. Le lieu s’y prête d’autant plus que Jean s’y rendait avec Lino, Dalban, André Bourvil et tant d’autres…

« Le rêve, écrivit Blondin, je ne le cache pas, c’est de se retrouver à trois ou quatre copains (quatre de préférence parce qu’il y a une belote sous roche), de s’offrir le repas fin derrière les fusains, et de courir au match… ». En pensant à cela, je suis persuadé que le repas auquel Antoine faisait allusion n’aurait pas pu trouver de refuge plus salutaire que chez ce vieux boxeur. » Jean-Paul Belmondo.

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