La littérature, comme le sport, sonde les corps et les âmes. Les deux disciplines aiguisent l'œil, ouvrent des champs des sensations, me font éprouver l'entièreté de l'existence et dévoilent des personnalités brutes, authentiques. J'ai toujours aimé travailler une écriture du corps, une écriture qui sollicite tous les sens. Pour moi nous ne sommes rien d'autre que ce que nous sentons. Au milieu de l'été, un invincible hiver est un livre de montagne, et je suis si heureuse qu'il reçoive cette année le prix Jules Rimet. Le sport n'est pas qu'une mécanique du corps en mouvement. Le sport est un acte de foi, un élargissement de l'être, une invitation à l'élévation, une manière de faire conjuguer la pensée, l'action et la sensation dans un même élan. Ce prix est un hommage à la grandeur de ces alpinistes, à leur audace, à leur amitié, à leur passion.  C’est une manière d’intégrer leur regard et la beauté de leurs gestes.  Ils partageaient une même aspiration au dehors, à s'accomplir à l'air libre. Ils livraient leur corps à la matière du monde. Le grand Walter Bonatti, leader de cette cordée franco-italienne, disait que l'alpinisme était imagination, soif d'idéal, et connaissance intime. Connaître quelqu'un, c'est le laisser pénétrer en vous. Dire qu’une partie de ces hommes vit en moi, ce n'est pas une fadaise, c'est la vérité. Jeudi 18 novembre 2021, c’est avec eux que j’ai franchi la porte de chez Walczak. J’ai accueilli les applaudissements, les félicitations, les mots amicaux avec une joie immense. Quelle soirée chaleureuse, je ne l’oublierai jamais. Les histoires sont belles de ce que nous faisons d'elles et de ce qu'elles font de nous. Merci à la littérature sportive, aux éditions Guerin-Paulsen, au Prix Jules Rimet de nous rendre aussi vivants. 

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 Virginie Troussier